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Introduction au livre "L'animal, son bien-être et la
loi au Québec"
écrit par F. Back.
INTRODUCTION
Nous vivons une époque difficile mais extraordinaire. La puissance de
l’atome a conditionné les rapports humains, l’éveil d’une conscience
universelle change notre attitude par rapport à cette planète que nous
tenions à asservir et à exploiter à outrance. Cette fragile paix dont nous
bénéficions ici depuis un temps record a permis de se pencher sur des
injustices que notre civilisation acceptait depuis trop longtemps comme un
état de fait.
Il suffit de penser qu’il y a à peine un siècle, l’esclavage était admis
par la plus grande partie de l’humanité, alors que nous trouvons cela
maintenant d’une cruauté et d’une aberration inadmissibles. Les agressions
internationales, la ségrégation, le racisme, le fanatisme religieux, la
condition féminine, et bien d’autres sujets sont remis en question; des
progrès significatifs sont en cours. De même nos rapports à la nature et à
toutes ses constituantes sont analysés de plus en plus subtilement et
devraient nous amener à une forme de conduite plus en harmonie avec
l’avenir de notre environnement et celui des générations futures.
Parmi cette orchestration souhaitable pour le bonheur de l’humanité et
l’espoir d’un monde plus charitable il y a cependant une tragique lacune :
si la Société québécoise pour la défense des animaux a été constituée,
c’est précisément dans le but de plaider pour un sort plus juste que celui
qui est réservé actuellement à nos cohabitants terrestres.
À mesure que nous découvrons et analysons tous les aspects de la vie sur
la planète, nous sommes confrontés avec l’évidence que les créatures qui
l’habitent ne sont pas simplement des espèces à exploiter, ou à éliminer,
mais qu’elles ont toutes un rôle régulateur et bénéfique dont nous sommes
souvent les premiers bénéficiaires. Les animaux font partie d’écosystèmes
établis depuis des millénaires, dont ils subissent et respectent les lois.
Des chercheurs scientifiques de plus en plus nombreux ont analysé les
comportements individuels et sociaux des espèces en liberté comme de
celles qui sont contraintes par la domestication : des preuves évidentes
s’accumulent pour contredire les théories cartésiennes ou « rationalistes
», et démontrent que les animaux ne sont pas simplement des machines,
incapables de souffrir physiquement ou psychologiquement, mis des êtres
capables de pensées, de sentiments et de courage.
Cependant notre manière de les traiter est de la dictature pure et simple.
Tout est permis, les tortures comme les méthodes concentrationnaires, du
moment que ça rapporte! Ce ne sont que… est le mot de passe qui excuse
tout!
Notre démographie galopante et envahissante, la mauvaise répartition des
ressources mondiales, la spéculation associée à une rapacité insatiable
prétendent justifier le sort de plus en plus menacé, étriqué et cruel de «
nos frères inférieurs » : la destruction accélérée des habitats, la
disparition massive des espèces, l’emprisonnement à vie dans des jardins
zoologiques, l’incarcération des animaux domestiques dans des conditions
souvent abjectes et les tortures prolongées, incontrôlées, de millions
d’animaux dans les laboratoires sont des sujets qui touchent de plus en
plus notre conscience.
Il faut agir. Il faut réagir!
Dès 1973, maître Roger Beullac et d’autres gens de bonne volonté, décident
de créer un mouvement qui propose une législation mettant les animaux du
Québec à l’abri de ces multiples abus. Ils regroupent des avocats et des
personnes de divers milieux afin d’en établir les buts et les règlements.
Cette « Société québécoise pour la défense des animaux » est constituée en
février 1976 en vertu de la Loi sur les compagnies du Québec, et reconnue
organisme de charité.
Elle a déjà pris des mesures concrètes en vue de :
- réclamer un statut particulier pour l’animal;
- obtenir une législation modifiée pour la protection de toute espèce;
- y inclure le contrôle de l’expérimentation animale;
- accélérer la recherche de méthodes de remplacement, et promouvoir celles
qui ont fait leur preuve;
- faire connaître les lois canadiennes et québécoises actuellement en
vigueur relatives au bien-être de l’animal;
- obtenir un contrôle gouvernemental sur la vente de TOUT ANIMAL quelle
que soit l’espèce;
- enrayer la surpopulation insensée des animaux de compagnie en facilitant
la castration;
- soumettre des recommandations aux municipalités du Québec;
- combattre la destruction de notre faune, en interdire la
commercialisation et veiller à son bien-être;
- abolir les méthodes cruelles de piégeage;
- exposer l’aberration de l’élevage intensif;
- mettre un terme à l’utilisation abusive de l’animal dans le
divertissement;
- faire connaître et respecter le monde animal par tous les moyens
possibles.
Cette Société compte entièrement sur l’aide de gens de cœur qui se
penchent sur la détresse animale et qui veulent lui apporter plus qu’une
sympathie passive, des personnes qui sont prêtes à donner à son œuvre de
leur temps, de leur argent, afin qu’elle survive.
Beaucoup de gens, de même que des représentants de la loi, sont confrontés
à des situations concernant des animaux, mais ils ne connaissent pas leurs
prérogatives. Afin de rendre les lois existantes facilement accessibles,
la SQDA en a fait une compilation et une première édition, fort appréciée,
parue en 1982 sous le titre : L’animal, son bien-être et la loi au Québec.
Ce nouveau recueil a été remis à jour. Il vous permet de voir et de
connaître ce qui est… et tout ce qui reste à faire, pour qu’il y ait aussi
un minimum de justice pour les animaux au Québec.
Elle est reconnaissante à la maison d’Édition Wilson et Lafleur Ltée de sa
précieuse participation à cette réédition.
Frédéric Back
Co-fondateur de la Société.
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